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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/185

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Jansénistes faisant faire la communion tard[1], ensuite un banc de plus jeunes ; puis un autre, etc. Le pasteur se promenait dans le passage du milieu. Les enfants étaient dans une chapelle collatérale, sous l’abbé Thomas… Le catéchisme était un amusement délicieux pour moi : c’était là que je voyais les plus jolies jeunes filles ; que je les entendais nommer ; que j’augurais de l’esprit de ces êtres intéressants par leur mémoire, en même temps que mon oreille était flattée par le son de leur voix harmonieuse. (Oh ! si les Jansénistes se fussent doutés de ce plaisir-là !) Mon bonheur aurait été bien plus grand, si Jeannette, au lieu d’avoir pour confesseur le bon chapelain, avait été pénitente de mon frère : elle aurait encore été au rang des Catéchumènes, et j’aurais été son camarade de catéchisme. Cependant les grandes filles qui avaient communié n’étaient pas entièrement dispensées de venir aux instructions élémentaires ; souvent même, sous prétexte de leur faire honneur, et de donner aux ignorantes, non encore émancipées, une émulation salutaire, le pasteur les interrogeait sur quelque point à décider. Ainsi, j’eus quelquefois le plaisir de voir Jeannette Rousseau se lever, faire une jolie révérence, rougir, me montrer sa taille svelte, et me faire entendre le

  1. La raison qu’ils donnent de leur conduite, c’est que la première communion est une action importante, pour laquelle il faut toute sa raison et toute son innocence ; deux choses presque incompatibles : quand la raison vient, l’innocence s’en va.