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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/186

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

son argentin de sa voix intéressante. Le jour où nous en sommes, elle était au catéchisme. Jamais je ne l’avais trouvée si jolie. Quand on sort d’une peine, l’âme est plus légère que si l’on n’avait pas souffert : tel le danseur en quittant les semelles de plomb. J’étais content de la manière dont je m’étais tiré d’affaire, et je me disais tout bas : « Si la belle Jeannette est un jour ma femme, je lui raconterai ce trait, pour lui montrer que son mari n’est pas un sot… » Tandis que je roulais ces idées, le curé interrogeait une petite Adine fort jolie : il lui demanda ce que c’était que le mensonge ? Elle lui répondit par son catéchisme : « C’est parler contre la vérité, à dessein de tromper. » Il insista, et lui demanda si un mensonge indifférent, dit pour faire rire, était un grand péché ? — « Non, Monsieur, » répondit la petite masque, « car moi j’en dis comme ça tous les jours. » Le curé se mordit les lèvres, pour s’empêcher de rire : — « Ma fille, vous ne faites pas ici votre confession, » lui dit-il ; « je pourrais vous répondre ; mais je vais interroger une personne plus instruite que vous… Jeannette Rousseau, dites-nous si le mensonge de plaisanterie est un grand péché ? — Nous ne devons jamais mentir, même en plaisantant, » répondit la belle fille, « parce que nous sommes en la présence de Dieu, à qui nous manquons par là de respect. — C’est bien ! fort bien ! » dit le pasteur, et je suis très content de cette réponse… Nicolas Restif, donnez-nous encore une autre raison. —