Page:Retif de La Bretonne - L’Anti-Justine, 1798.djvu/63

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parfaitement se cacher.

Vitnègre en avait un tout pareil, dans lequel il se mussait quand un de ses trois payeurs venait, pour essayer de dépuceler le con ou le cul de sa femme, qu’il appelait sa Poule aux œufs d’or ; il voulait tout voir, craignant qu’un des trois ne la lui enlevât. C’était aussi par volupté ; il était passionné pour la chaussure de sa femme. Lors donc que, tendrement gamahuchée par l’un des trois bougres (car ils l’adoraient, et ils vont bien la regretter), elle émettait, il lui tirait un soulier, qui se trouvant étroit vers la pointe, lui servait de con. Aussi disait-il à ses intimes : « Je n’ai jamais foutu ma femme qu’en soulier. »

Conquette, sentant bien que Timori avait bien des choses à lui dire, et qu’il ne pouvait parler, prétexta qu’elle avait laissé dans mon magasin une lettre à lui montrer. Elle avait une double clef ; ils y descendirent ensemble.

Je venais d’y arriver. J’entendis la marche de ma fille, sa voix basse, et celle de Timori. Je me cachai dans le foutoir. Ils entrèrent. Conquette ferma soigneusement la porte, la couvrit du matelassement qui empêchait qu’on ne fût entendu au dehors, et ils s’assirent sur moi.

« Ah ! madame, dit Timori, quelles scènes !… Il avait découvert que je vous aimais, à mes regards, et parce qu’un jour, étant avec lui chez vous, pendant qu’un de vos acheteurs vous caressait sous son nom, il me vit baiser à la dérobée une de vos chaussures. Mais il paraissait ignorer non seulement que vous m’aimiez, mais que je vous fusse connu. Hier, à trois heures,