Page:Retif de La Bretonne - L’Anti-Justine, 1798.djvu/74

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Montencon était connu de Conquette, dont il avait foutu la mère avant la vérole. Il n’en avait que plus envie de le mettre à la fille. Je le trouvai dans l’escalier, en arrivant moi-même. Je l’introduisis. Il demeura immobile de joie et d’admiration, en voyant une femme si belle !… J’avais affaire ; je ne restai qu’un moment, en lui disant que je lui laissais ma fille pour compagnie. Il balbutia, en me reconduisant : « Elle est ravissante ! Quel goût dans sa parure ! Comme elle est chaussée ! Et quel dommage qu’un Vitnègre ait eu ce pucelage-là ?… — Vitnègre ? Elle est pucelle. — O mon ami, puis-je y tenter ? Et tâcher de mettre au moins une corne à ce gredin-là ? — Fais-y ce que tu pourras. Mais je doute du succès, avec ton poil gris. Il n’y a que les catins blasées qui souffrent les barbons vigoureux et libertins ; avec les pucelles sages, il faut être tendre et tu as la figure d’un satyre, ou d’un réprouvé. Mais tentes-y. »

Après mon départ, Montencon essaya d’abord de la galanterie. Mais n’y gagnant rien, il culbuta Conquette à l’improviste sur le foutoir, et comme il était vigoureux, il lui approcha, en la contenant d’une main, le vit des lèvres du con… Cependant il ne put l’enfiler. Un coup de cul en arrière le débusquait… Il allait la menacer de la poignarder, lorsque je rentrai. Conquette se rajusta, sans marquer d’humeur. Je dis tout bas à Montencon : « Le pucelage ? — C’est un diable ! J’en serai réduit à me branler ! — Tu la foutras. »