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et ceux mêmes qui ne pouvaient en comprendre le vivifiant caractère, pouvaient du moins être sensibles à la frayeur ténébreuse, à la mélancolie des lointains. Et cela avec d’autant plus de force que le fantastique a un pouvoir universel ; tout homme, en effet, n’a-t-il pas goûté les contes émouvants des vieilles nourrices, subi l’attrait de rincompréhensible peur nocturne ?

On se plaisait à développer ces thèmes horrifiants qu’avaient interdits les sages règles classiques. Les fades bienséances durent céder la place à la libre fantaisie, la raison détrônée dut se mettre au service de l’imagination. En ce temps de rébellion, les jeunes romantiques voulaient à tout prix se distinguer des classiques, et « épater les bourgeois », les « Philistins ». C’est pourquoi ils portent des gilets rouges, se drapent dans des « cappas » espagnoles, se vêtent de costumes empruntés à tous les siècles et à tous les pays. C’est pour cela aussi qu’ils écrivent ces histoires terrifiantes qui font se hérisser les cheveux et qui glacent le sang dans les veines du citoyen paisible.

Les atrocités des luttes civiles, la Terreur, les