Page:Retinger - Le Conte fantastique dans le romantisme français, 1909.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elles embrassent leurs lyres d’ivoire, interrogeant les cordes sonores qui répondent une fois, vibrent un moment, s’arrêtent et, devenues immobiles, prolongent encore je ne sais quelle harmonie sans fin que l’âme entend par tous les sens d’une âme heureuse, comme le premier baiser d’amour, avant que V amour se soit compris lui-même ; comme le regard d’une mère qui caresse le berceau de l’enfant, dont elle a rêvé la mort et qu’on vient de lui rapporter, tranquille et beau dans son sommeil. Ainsi s’évanouit, abandonné aux airs, égaré dans les échos, suspendu au milieu du silence du lac, ou mourant avec la vague au pied du rocher insensible, le dernier soupir du sistre d’une jeune femme, qui pleure parce que son amant n’est pas venu (i) ».

Véritablement un grand artiste seul a pu trouver et réunir tant de choses incomparables. Nodier a voulu faire une simple étude de langue, mais il a fait un chef-d’œuvre de style, pur et beau comme une statue antique.

(i) Smarra, « Le Rûcit ».