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Page:Retour de la domination espagnole à Cambrai – Siège de 1595 par le Comte de Fuentes.djvu/43

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vers les bourgeois, pour qu’ils lui voulussent envoyer deux députés, pour aviser ensemble les moyens de faire un accommodement avec son Excellence sans se délaisser les uns les autres, car il ignorait que les bourgeois travaillaient déjà pour eux. On désigna Pipart pour aller parler à Balagny ; il ne voulut pas y aller seul, et prit pour son compagnon le capitaine André Dollet. Arrivés un peu au-dessous de la citadelle le sieur de Biens, maître d’hôtel du duc de Rhetelois, et le sieur de Joignies vinrent les trouver, et incontinent arriva Balagny avec une fort pâle et triste figure. Il commença un long discours[1] plein de jactance et de menaces, il dit que si les bourgeois cessaient de faire cause commune avec lui, il ferait un traité tout à son avantage avec les Espagnols, et qui leur serait si préjudiciable qu’ils deviendraient les plus misérables de la terre, que déjà il était en terme pour ce traité, que pour le conclure le comte de Bucquoi et don Augustin Messia étaient venus dans la citadelle, et qu’il leur montrerait les lettres du traité. Les députés s’apercevant de la fourberie de Balagny et devinant qu’il les excitait à entrer dans la citadelle pour les retenir prisonniers et se servir de leurs personnes, pour améliorer ses affaires, Pipart lui répondit : qu’il leur était expressément défendu d’entrer dans la citadelle, et que s’il trouvait bon de faire venir les seigneurs dont il venait de parler il pouvait bien les engager de descendre jusqu’au pied du pont, qu’ils rapporteraient

  1. Pendant que Balagny tenait de beaux discours au peuple, la dame de Balagny, femme d’un courage mâle, arriva aussi sur la place, la pique à la main. Elle se mit à haranguer à son tour ; mais sa présence excitait le tumulte, loin de l’appaiser, et elle eut bien de la peine à échapper à la fureur du peuple, qui pensa la lapider et qui l’obligea de se retirer.
    (Hist. de L. de Berlaymont, Mss.)