Page:Retté - Arabesques, 1899.djvu/189

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jours où la rente a baissé, se sent enclin à soupçonner que « tout ne va peut-être pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Le dommage subi l’incite presque à réfléchir ; le risque que court son revenu le porte à passer du particulier au général ; lésé dans son égoïsme, il se découvre des penchants altruistes ; et il manifeste des velléités de critique à l’encontre du régime.

« Ah ! s’écrie-t-il, l’État ne protège pas les petits capitalistes ; il y a des abus ; les gros banquiers nous dévorent ! »

Saisissez l’occasion, démontrez-lui que, dès toujours, les gouvernements servent uniquement à garantir aux Gros une digestion tranquille et à imposer silence aux Petits, il abondera dans votre sens... Puis, tout de suite, — selon le journal dont il s’empoisonne l’intellect, — il attribuera la baisse aux Juifs ou aux Prêtres, aux Anglais ou aux Russes. Vous aurez beau le faire remonter à la cause première du préjudice dont il se plaint ; lui prouver que les hommes agissent d’après le milieu où ils se développent et d’après les instincts de rapine hérités de leurs pères ; que, par conséquent, si l’on veut supprimer la spéculation, il faut d’abord supprimer son générateur : le capital ; il déclarera que vous l’entretenez de chimères. Bien