Page:Retté - Arabesques, 1899.djvu/190

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que dupé mille fois par les réformateurs, il affirmera se contenter de réformes nouvelles. Si vous lui objectez que les réformes n’ont jamais abouti qu’au remplacement d’exploiteurs fatigués par des exploiteurs tout frais et bien endentés, il se fâchera. Si vous insistez, il finira par rompre avec vous. Et, vienne la hausse, il oubliera ses griefs.

C’est ainsi que le mensonge social amène la plupart de nos contemporains à nier l’expérience et à rejeter sur quelques-uns les méfaits d’un système dont tous sont comptables.

Un autre exemple : Voici le dilettante qui a coutume d’opposer les idées les unes aux autres, de les disséquer et de jongler avec les notions contradictoires qu’elles lui livrent comme avec des boules de couleur. « Tout est vrai, tout est faux, dit-il, et je me garde de conclure parce que je ne sais jamais si je me trompe ou si je vois juste. » Il est si content de sa virtuosité qu’il se croit un être d’essence supérieure. Les criailleries de « la vile multitude » l’importunent. Il souffre s’il lui faut quitter, même pour un instant, les sphères de l’abstrait. — Tel est, du moins, l’aspect sous lequel il désire être connu. Mais poussez-le un peu, demandez-lui son avis sur la façon de mener les hommes. Il vous répondra que l’idéal serait