Page:Retté - Arabesques, 1899.djvu/192

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quiers, industriels, commerçants, ministres, députés, magistrats, généraux, prêtres, fonctionnaires variés, l’accablent. Il caresse vaguement le manche de sa pioche ; il rêve de casser quelques têtes. Alors les bons gouvernants lui disent : « Vois-tu ces bêtes féroces, là-bas ? Elles grincent des dents ; elles veulent te mettre en pièces ! Vois-tu le Prussien, l’Italien, le Chinois, le Nègre qui n’attendent qu’une occasion de te tomber dessus ?... Prends les devants ; sus, sus ! à l’ennemi. » Les Suceurs étrangers haranguent de même leurs victimes. De telle sorte que Jacques Bonhomme, le Nègre, le Chinois, l’Italien, le Prussien — qui, en réalité, ne demanderaient qu’à vivre en paix, sans se chamailler, — se détestent, s’insultent, se cherchent querelle et s’entre-déchirent, affolés par le mensonge dont bénéficient leurs dirigeants.

La Bourgeoisie ne se maintient que par l’équivoque et la ruse. Elle se réclame de la Révolution et elle n’a pas tort, parce que la Bévolution est un fait bourgeois, parce que sous couleur « d’immortels principes », les légistes et les boutiquiers ont réussi à déposséder la noblesse et le clergé. Mais il est douteux que cette substitution d’une classe à une autre constitue un progrès. Car qu’un