Page:Retté - Arabesques, 1899.djvu/191

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réalisé par une oligarchie de savants et de penseurs qui imposeraient leurs caprices à la masse, la feraient travailler à leur profit, en lui inculquant un certain nombre de dogmes et en la terrorisant au moyen de miracles scientifiques.

Donc, ce désintéressé, ce fervent de l’Idée pure, ment lorsqu’il vante son mépris des contingences. Furieux d’orgueil, jaloux de nos maîtres actuels, il aspire, lui aussi, à la tyrannie. S’il rêve de ravir sa trique au roi Caliban, c’est pour en armer le prince Prospero. Et ses grimaces hégéliennes lui servent seulement à dissimuler la violence de ses appétits.

Autre exemple : les gouvernants se suivent et se ressemblent. La sangsue Orléans s’est gorgée du sang de Jacques Bonhomme. Elle tombe. La sangsue Bonaparte lui succède. Puis, ce sont les sangsues républicaines qui alternent : l’opportuniste, la ralliée, la radicale. Demain ce sera, peut-être, le tour de la sangsue nationaliste. Tous, royalistes, bonapartistes, républicains roses et rouges, affirment au peuple qu’ils le chérissent. Et, en effet, ils l’aiment, comme on aime à manger un bon dîner. Parfois Jacques Bonhomme se rebiffe un peu. Il prie qu’on le laisse souffler. Tant de sollicitude, tant de solliciteurs : ban-