Page:Retté - Arabesques, 1899.djvu/194

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à bon escient, les pièces de quarante sous. — Le jour du vote arrive, et l’électeur dépose, à peu près au hasard, dans un pot suspect, le bout de papier par lequel il s’imagine exprimer sa volonté...

Après quoi l’Élu tire sa révérence et se met, tout de suite, à la besogne, à savoir : détourner du budget le plus d’écus possible afin de les distribuer, sous forme de places ou de subventions, aux membres de son comité, à leurs clients et à leur honorable famille. Puis il s’affilie à un groupe pour tâcher de conquérir un ministère, car une fois ministre, il pourra puiser à même la caisse et satisfaire davantage de convoitises. Lui-même ne s’oublie pas. Il s’acoquine aux financiers et aux industriels qui lui achètent, d’après un tarif variable, son influence. Puis il pérore : il rend compte de son mandat, c’est-à-dire qu’il sert à ses dupes une salade russe, relevée de piments patriotiques et de truismes doctrinaires : « Notre grand allié le tsar, from ! from ! from ! nos chères provinces perdues, dzing ! boum ! boum ! la mission de la France, ratata ! ratata ! etc., etc. »

Cependant l’Élu des Élus se pavane, portant au col la Toison d’or symbolique et en sautoir le grand cordon de Sainte-Cunégonde. Quant aux tenants du régime, pris d’émulation, désireux