Page:Retté - Le Symbolisme. Anecdotes et souvenirs.djvu/167

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trompé dans l’application, qu’au bout de quatre années de lutte, et malgré tous les précédents, la victoire nous paraît déjà assurée ? Aurais-je fait inconsciemment des concessions au public barbare ou bien, comme je l’ai toujours pensé, existe-t-il, de par le monde, un nombre suffisant d’hommes éclairés capables de s’intéresser à une tentative ayant pour but de rajeunir et de fortifier l’art ?

« J’ai voulu l’avènement des nouvelles générations et pour cela :

« a) Créer au profit de tous : peintres, graveurs, statuaires et littérateurs, une arme pour la lutte, un outil de propagande frappant où il faut frapper — chez les artistes ; les autres nous indiffèrent (revue La Plume) ;

« b) Aguerrir les lutteurs en leur permettant de s’adresser verbalement à un auditoire choisi et d’y essayer leurs œuvres (Soirées de La Plume) ;

« c) Former une anthologie d’œuvres rares émanant des seuls nouveaux écrivains, illustrées par des artistes choisis encore ignorés du public : Rops, Redon, Luce, Desboutin, etc. (Bibliothèque Artistique et Littéraire) et, par le succès de cette tentative, prouver aux éditeurs que le salut de leurs maisons branlantes réside en l’accueil qu’ils feront à nos jeunes camarades ;

« d) Supprimer l’acrimonie et la violence injurieuse dans les controverses littéraires et artistiques ; opérer un changement total dans les relations entre maîtres et nouveaux venus ; remplacer envers les aînés la blague