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leur vie. Les dividendes de deux ou trois grosses maisons commerciales augmentés dans une notable proportion…

Du coup, maints journalistes se sont précipités, en sanglotant d’allégresse, dans les bras de l’Invalide à la tête de bois.

Quand le peuple comprendra-t-il qu’il n’est nullement glorieux d’aller crever de la peste et de la diarrhée sous un climat atroce pour que prospèrent quelques Ventres considérables ?

J’ai fait partie cinq ans de cette « école de l’honneur, des bonnes mœurs et de l’abnégation » qu’on appelle l’armée. Voici une partie de ce que j’ai vu : deux maréchaux des logis chefs, un adjudant vaguemestre et un capitaine-trésorier condamnés pour vol. Un grand nombre de gradés vivant aux crochets de femmes en cartes ou vendant leur protection aux soldats fortunés. La pédérastie et la masturbation fort répandues. — Un homme de mon peloton était entretenu par un fonctionnaire de la ville. Il s’en vantait et beaucoup l’enviaient. Un autre homme, atteint de la typhoïde, agonisa trois jours dans son lit sans que le médecin-major daignât se déranger bien qu’on l’eut réclamé trois fois. Il vint à la fin et fit transporter le malade à l’hôpital. L’homme mourut en arrivant. Trois malades, non reconnus comme tels par le médecin, traités de carottiers, mis à la salle de police en plein hiver, morts à la suite. — Une nourriture infecte et insuffisante. Les soldats affamés se volaient leur pain les uns aux autres.

L’état d’esprit qui prédominait était celui-ci : chez les officiers, en dehors des manœuvres, la fainéantise avachie