Ce iour-la de ſamedi, le Roy enuoya viſiter
l’Amiral par diuers gentils hommes. La nouuelle
eſpouſee l’alla auſsi viſiter.
Ce meſme ſamedi, dãs le cõſeil priué du Roy,
furent examinez certains teſmoins, touchant l’arquebouzade,
le tireur, & les coulpables : tellemẽt
que l’Amiral & ſes amis, croyans que la voye à
iuſt ice leur fuſt ouuerte, ſe reſiouiſſ oyent grandement,
s’aſſ eurans de pouuoir facilement conuaincre
les autheurs du faict : dequoy ils aduertirent
leurs amis en pluſieurs endroits du Royaume, par
des letres qu’ils leur eſcriuirent, les prians de ne
bouger, & ne ſe faſcher de ce qui eſt oit aduenu à
l’Amiral. Que Dieu & le Roy eſt oyent puiſſ ans
d’en faire la vengeance : que deſia on commençoit
à proceder contre le coulpable & ſes fauteurs
par iuſt ice, & les bleſſ ures n’eſt oyent pas,
Dieu merci à mort : que combien que le bras fuſt
bleſſ é, le cerueau ne l’eſt oit pas. En ceſt e façon
les conſolant par letres, les auertiſſ oyent de ſe tenir
coys, en attendant l’iſſ ue telle qu’il plairoit à
Dieu d’enuoyer.
Ce iour-la Monſieur frere du Roy, & le cheualier
d’Angouleſme ſe pourmenoyent dans vn coche
par la ville de Paris, enuiron les quatre heures
apres midy. Dés ceſt e heure-là il courut vn
bruit par Paris, que le Roy auoit mandé le mareſchal
de Mont-morency, pour le faire venir à Paris,
auec grand nombre de caualerie & d’infanterie :
que partant les Pariſiens auoyent occaſion
de ſe prendre garde : mais ce bruit-là eſt oit
faux.