On vit entrer ce iour-la ſix crocheteurs chargez
d’armes dans le Louure : dequoy Teligny auerti
par le trompette de l’Amiral, reſpõdit, Que
c’eftoyent des peurs qu’on ſe donnoit ſans occaſion :
qu’il eſt oit treſaſſ euré de la bonne intentiõ
du Roy, qu’il cognoiſſ oit fort bien ſon cœur &
ſes affect ions : qu’on ne deuoit pas ſe faire accroire
des choſes tant hors de propos. Ie croy que Teiligny
ny penſoit aucun mal, d’autant que le iour
deuant la bleſſ eure de l’Amiral, on auoit ordonné
certain combat & aſſ aut, qu’on deuoit donner
à vn chaſt eau, qui pour ceſt effect deuoit eſt re
dreſſ é, à quoy les courtiſans eſt oyent conuiez de
ſe preparer.
Le Roy, pour aſſ embler les ſeigneurs & gentils
hommes Huguenots en vn quartier, leur fit à tous
marquer logis pres celuy de l’Admiral, pour luy
eſt re plus pres & à poinct : quelques vns y allerẽt
loger, les autres ne peurent ſi toſt changer de
logis.
Le comte de Montgomery, Briquemaut le
pere, & quelques autres gentils hommes, auoyent
mandé à Teligny, que s’il vouloit, ils iroyent volontiers
veiller au logis de l’Amiral : mais Teligny
les remerciant, leur manda qu’il n’eſt oit ia de
beſoin.
Cependant les autres veilloyent : le Cheualier
d’Angouleſme (qui ne ſe voulut point aller coucher) entretenant ſes plus intimes amis, leur donnoit
bon courage, les aſſ eurãt qu’il ſeroit ce iour
la Amiral de France : mais il fut trompé, d’autant
que l'eſt at vaquãt fut dõné au marquis de Villars.