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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/105

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D I A L O G V EI.

& deſordre les procès, que la plume, le papier, & l’ordre de iuſ‍tice, n’auoyent iuſqu’a lors ſceu vuider : De ſorte, que les chetifs, accuſez de conſpiration & d’entrepriſe, tous nuds, mal-auiſez, demi dormans, deſarmez, & entre les mains de leurs ennemis, par ſimplicite, ſans loiſir de reſpirer, furent tuez qui dans leurs lic‍ts, qui ſur les toic‍ts des maiſons, & qui en autres lieux, ſelon qu’ils ſe laiſ‍ſoyent trouuer.
Le comte de la Roche-foucaut, qui iuſques apres onze heures de la nuic‍t du ſamedi, auoit deuiſé, ris, & plaiſanté auec le Roy, ayant à peine cõmencé ſon premier ſomne, fut reſueillé par ſix maſques, & armez, qui entrerent dans ſa chambre : entre leſquels cuidant le Roy eſ‍tre, qui vinſ‍t pour le fouëtter à ieu : il prioit qu’õ le traitaſ‍t doucement, quand apres luy auoir ouuert & ſaccagé ſes coffres, vn de ces maſques (valet de chambre du duc d’Aniou) le tua, par le commandement de ſon maiſ‍tre.
Bien eſ‍t vray que le capitaine la Barge, qui eſ‍toit l’vn des maſquez, auoit eu commandement du Roy de l’aller tuer auec promeſ‍ſe d’auoir la compagnie de gendarmes du comte de la Roche-foucaut, ny eſ‍tant autrement voulu aller qu’à celle condition. Et quoy que le valet, comme on m’a dit, l’ait anticipé à tuer, ſi n’a-il pas pourtant moins eu la compagnie du comte meurtry.
Teligny fut veu de pluſieurs courtiſans, & quoy qu’ils euſ‍ſent charge de le tuer, ils n’eurent