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D I A L O G V EI.

à ſcauoir qu’ils allaſ‍ſẽt à la meſ‍ſe, ſi leur vie & leurs biens leur eſ‍toyent en quelque recommandation.
Le Roy de Nauarre (ſans toutefois condeſcẽdre à la propoſition du Roy) luy reſpondit fort humblement : & le prince de Condé, qui eſ‍t d’vne nature vn peu plus bruſque, ayant reſpondu auſsi vn peu plus aſprement, ne fut menacé par le Roy de moins, que de la perte de ſa teſ‍te, s’il ne ſe rauiſoit dans trois iours, que le Roy luy bailloit pour tous delais, l’appellant opiniaſ‍tre, obſ‍tiné, ſeditieux, & fils de ſeditieux.
Les autres Huguenots qui eſ‍toyent dedans le Louure, auſquels à prix ou priere on auoit iuſqu’alors ſauué la vie, promettoyent de faire tout ce que le Roy commanderoit : Entre autres, Grammont, Gamache, Duras, & certains autres, eurent d’autant plus facilement leur pardon, que le Roy ſcauoit fort bien, qu’ils n’auoyent iamais eu que peu ou point de religion. A l’inſ‍tant on ſonna le toxin du Palais, afin qu’on ſe ruaſ‍t ſur les autres Huguenots (de toutes qualitez & ſexes) qui eſ‍toyent dãs la ville : leur pretexte eſ‍toit, vn bruit qu’ils firent courre, qu’on auoit deſcouuert vne conſpiration faite contre le Roy, ſa mere, & ſes freres, par les Huguenots : leſquels auoyẽt deſia tué plus de quinze ſoldats de la garde (ce diſoyent ceux qui eſ‍toyent morts) partant le Roy commandoit qu’on ne pardonnaſ‍t à pas vn Huguenot.
Les Courtiſans, & les ſoldats de la garde du Roy, furent ceux qui firent l’execution ſur la Nobleſ‍ſe,

finiſ‍ſans auec eux (ce diſoyent-ils) par fer

& deſ-