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D I A L O G V EI.

moin à ta verité eternelle : afin qu’apres l’eſ‍tonnement, eſ‍tans par toy releuez & ſouſ‍tenus, ils ſeruent plus ardemment à ta gloire, qu’ils n’ont fait par cy deuant. Que ſi c’eſ‍t malicieuſement contre ta vérité cognue qu’ils ſe bandent, s’obſ‍tinans à leur eſcient à te faire outrage, mon Dieu, fay les ſemblables à la rouë, & au tourbillon : pourſuy-les par terreur & eſpouuantement : rempli leurs faces de meſpris, & darde ſur eux ta cholere : fay pleuuoir charbons ſur leur teſ‍te, feu, ſoulphre & vent de tempeſ‍te ſoit la portion de leur hanap, afin que toute la terre cognoiſ‍ſe, que tu es noſ‍tre Dieu & Sauueur.

Et nous alors ton vray peuple & tes hommes,
Et qui troupeau de ta paſ‍ture ſommes,
Te chanterons par ſiecles innombrables,
De fils en fils preſchans tes faits louables.


Ali. Ie m’eſmerueille grandement, ſeigneur politic François, conſiderant le piteux eſ‍tat de la Frãce (ſi tu as ta patrie en quelque recommandatiõ) maintenant qu’elle a plus de beſoin de ſes vrais amis & bons conſeillers quelle n’eut oncques, comme c’eſ‍t que tu as eu le courage de l’abandõner : au lieu de t’employer à guairir ſa playe, à la penſer, de la freneſie & de la rage qui la mene.

Le pol. Ie n’en ſuis parti qu’en pleurant, auec vn regret incredible, preuoyant la prochaine & ineuitable ruine, où va tomber ce poure Royaume, pour l’extreme confuſion où il eſ‍t : laquelle i’oſe aſ‍ſeurer eſ‍tre irremediable, au jugement de tous bons eſprits : car (ie me tay de la religion des Huguenots en laquelle ie n’ay iamais peu mordre,