Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
D I A L O G V EI.

affec‍tion au bien de la France. Craigant, dy-ie, que tout à vn coup ils ne nous iettaſ‍ſent le chat aux iambes & la rage ſur le dos, comme font ordinairement ceux à qui il prend enuie de tuer leur chien, & que ſur cela ils nous fiſ‍ſent noſ‍tre proces apres la mort, comme on a fait à l’Amiral : nous auons mieux aimé nous en ſortir de bonne heure, que d’y demeurer trop longuement. Sur tout quand nous auons conſideré, que de tous les Princes voiſins, les vns ne s’en ſouciẽt pas beaucoup, les autres ſont bien aiſes de la ruine de tant de François, de ſi grands perſonnages & de ſi bons ſeruiteurs du Roy : & prennent plaiſir de voir le Roy, ſe coupper du bras droic‍t le gauche, & autres membres de ſon corps. Ie dy notamment qu’ils y prenent plaiſir : car s’ils en eſ‍toyent marris, s’ils auoyent regret de voir vn ſi piteux ſpec‍tacle, ils s’y oppoſeroyent de faic‍t, & l’empeſcheroyent par force de paſ‍ſer outre à ſe deſchirer ſoy-meſme, tout ainſi qu’õ fait à l’amy frenetique qui ſe veut precipiter, lequel on veille & on retient à force, le liant pieds & mains, quand il bleſ‍ſe, bat, ou tue. Mais quand ie voy que les Potentats voiſins n’en tienent compte, non pas ſeulement de luy faire entẽdre par letres & ambaſ‍ſades, le tort qu’il ſe fait, & aux ſiens, de les maſ‍ſacrer de la ſorte : ie dy qu’ils en ſont bien aiſes, & que c’eſ‍t le doigt de Dieu qui eſ‍t courroucé contre France : que de quelque coſ‍té que le baſ‍t vire, il faut que ceſ‍te grande & floriſ‍ſante maiſon de Valoys prene fin, & que ce braue & puiſ‍ſant Royaume , ſoit

tranſporté à quelqu’autre Prince, ou reparti entre

G