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D I A L O G V EI I.

ne laiſ‍ſent pas d’eſ‍tre inuiolables : Et toutefois ſi on tenoit leurs maiſ‍tres, on les traiteroit hoſ‍tilement : Mais le priuilege des ambaſ‍ſadeurs eſ‍t fondé ſur vn droic‍t de gens, par ce que s’il n’y auoit franchiſe & immunité pour telles perſõnes, toute ſeureté humaine ſeroit perdue, & ceux meſmes qui les offenſeroyent ſont intereſ‍ſez à les cõſeruer, autrement on en feroit autant des leurs.

Les Conſuls Romains reſpondirẽt à Hanno ambaſ‍ſadeur des Carthaginiens, que leurs maiſ‍tres meritoyent qu’on ne leur tint point la foy nõ plus qu’ils l’auoyent tenue à leurs ambaſ‍ſadeurs : mais ils ne vouloyent pas punir au ſeruiteur ce que le maiſ‍tre meritoit, non pour autre choſe que pour la foy publique. D’ailleurs il y a des faic‍ts, qui ſont excuſables voire louables aux ſeruiteurs, freres, enfans & femmes pour vne fidelité & affec‍tiõ ſeruiable & offcieuſe, qui toutefois ſeroyent bien punis aux maiſ‍tres, peres & meres. Les hiſ‍toires des ſeruiteurs qui ont hazardé leur vie pour ſauuer la vie de leurs maiſ‍tres iuſ‍temẽt condamnez, ſont vulgaires & en louange à chacun. Mais ſi les condamnez euſ‍ſent fait de meſme, ils euſ‍ſent eſ‍té doublement punis.
La ſeconde qualité & circonſ‍tance de ce que la royne d’Eſcoſ‍ſe eſ‍t refugiee en Angleterre, & par ainſi ne peut eſ‍tre offenſee ſans reproche & note de perfidie, fait pareillemẽt contre elle. Car d’autãt sõ ingratitude eſ‍t plus puniſ‍ſable, d’auoir voulu oſ‍ter la vie à celle qui luy conſeruoit la ſiene. Si celuy qui n’a rien merité enuers le Prince qui

le reçoit à refuge, veut que pour le ſeul reſpec‍t

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