d’humanité on le conſerue : à plus forte raiſon
doit il rendre le meſme deuoir à celuy, qui luy a
fait deſia vn bon office de protect ion, Si ceux qui
ont violé le droict d’hoſpitalité aux Princes refugiez
vers eux, ſont deteſt ables : combien le meritent
dauantage ceux qui l’ont violé aux Princes
qui les ont receus ?
Ie tiens la foy & ſeureté donnee par la ſeule reception
de la royne d’Eſcoſſ e, & accorde que ce
ſeroit rompre la foy, d’offenſer celuy qui a eſt é receu
à refuge : mais c’eſt vne perfidie deteſt able
d’offenſer celuy qui le reçoit.
Les poetes ont encores plus abondé en tragedies
compoſees ſur ce ſuiet, de la punition de telles
perfidies, que des premières. Les hiſt oires
pareillement n’en rapportent que trop d’exemples : la ſeule
hiſt oire de l’euerſion de Troye pour
la perfidie commiſe par Paris à Menelaus, le conſentement
de toute la Grece à la punir & ſi obſt iner
dix ans, auec toutes les incommoditez & malheurs
qu’il eſt poſsible.
Cleomenes roy de Sparte receu à refuge par
Ptolomee, fuyant Antigonus, & ayant apres conſpiré
contre luy, ſe tua. Ptolomee l’ayant deſcouuert
fit pendre ignominieuſement ſon corps,
comme indigne de ſepulture. Mais qui eſt celuy
là qui voudroit deffendre vne telle deſloyauté,
d’vn qui auroit eſt é recueilly en ſa miſere par vn
autre, & apres auroit conſpiré contre ſa vie ? Qui
tient vn tel fait impuny oſt e tout le lien de la ſocieté
humaine, & fait perdre tous les offices d’humanité
entre les Rois, s’ils penſent qu’ayant re-