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D I A L O G V EI I.

ceux qui troublent ſon eſ‍tat. La punition de ceſ‍te conſpiration, n’adiouſ‍tera rien à leur mauuaiſe volonté : mais l’impunité adiouſ‍tera bien aux moyens de l’executer. Le Pape, le roy d Eſpagne, ny le duc d’Albe, quelle parentelle, ny confederation, ou amitié ſi eſ‍troic‍te ont ils à ladic‍te royne d’Eſcoſ‍ſe, que pour ſon reſpec‍t ils ayent iamais voulu s’armer contre la royne d’Angleterre ? c’eſ‍t pluſ‍toſ‍t la haine que le Pape, le roy d’Eſpagne, & le duc d’Albe, portent à la royne d’Angleterre, l’enuie qu’ils ont de la voir ſi heureuſe, au plus fort des malheurs de tous ſes voiſins.
L’ambition qu’ils ont de ce Royaume ſi floriſ‍ſant, & encores l’indignatiõ qu’a le Pape, de voir le Religion plantee, tant en ce Royaume, qu’en celuy d’Eſcoſ‍ſe, de voir ſes reuenus, & ſon authorité du tout perdue, ſans eſpoir de recouurement. La royne d’Eſcoſ‍ſe ne leur ſert que de couleur, & de leur fournir de moyens à pratiquer troubles, & remuemens en tous les deux Royaumes : Quand la royne d’Eſcoſ‍ſe ny ſera plus, leur malice demeurera, mais leurs moyens ceſ‍ſeront, & entre autres celuy qui eſ‍t le plus ſpecieux, & auantageux pour leur party : C’eſ‍t que la royne d’Eſcoſ‍ſe ne peut faillir d’eſ‍tre royne d’Angleterre, par le droic‍t de prochaineté, & cours de ſon aage.
Cette conſideration apporte de grands malheurs à l’Angleterre : car les ennemis de la Religion & de la Royne, en ont le cœur enflé, voyant la ſaiſon de leur regne ſi proche : Ses plus affec‍tiõnez ſeruiteurs, en ſont au contraire intimidez,

voyans leur ruine d’autant approcher : & les Prin-

c.v.