ces eſt rangers ſont retenus à s’aſſ ocier à la royne
d’Angleterre,ſi ce n’eſt pour mieux la trahir (cõme
noſt re Tyran ſouhaite) ſachans bien que l’amitié
qu’ils contract eront auec elle, fera autant
d’inimitié auec ſon ſucceſſ eur : tellement que ce
ſeroit contract er auec la perſonne, non point auec
le Royaume : par ce qu’elle eſt ant moins, tout
le Royaume ſera renuerſé.
On ne peut gueres baſt ir ſur vn fondement,
qu’on voit ne pouuoir long temps durer : & (comme
dit le prouerbe) Il y a plus de gens qui adorẽt
le Soleil leuant, que le couchant. Il eſt certain
que ceſt e conſideration, desfauoriſe infiniment
tous les deſſ eins de l’Angleterre : Mais la facilité
que la royne d’Angleterre a, de ſe priuer d’vn tel
ſucceſſ eur, & de s’en eſlire vn proche, qui ſoit capable
& ſuffiſant, peut coupper broche à tous
leurs deſſ eins.
Quant à l’indignation que le Roy d’Eſcoſſ e
pourra auoir à l’aduenir, ou contre ceux qui auront
fait mourir ſa mere, ou contre ſa mere, qui a
fait mourir ſon pere. S’il regarde la raiſon, il a
plus d’occaſion de ſe reſſ entir du meurtre de ſon
pere, auquel ny a ny occaſion, ny pretexte, ains vn
parricide, & perfidie deteſt able : que de celuy de
ſa mere, qui eſt accompagné de toute la raiſon,
& iuſt ice, qu’il eſt pofsible de deſirer à vn iuſt e
iugement : Ioint, que c’eſt vne peur de ſi loin, &
ſi incertaine : à ſcauoir de ce que fera vn enfant
quand il ſera grand, qu’elle ne merite d’eſt re reputee,
au prix d’vn danger preſent & euident.
Outre ce que la comparaiſon eſt fort inegale,