ſon aſne, d’vn ballot, d’enuirõ cent liures peſant, plus que ſa charge accouſt umee, vn jour, auquel, par grand deſaſt re les chemins eſt oyent empirez, pour l’iniure du temps de la nuict : tellement que le poure aſne, n’auoit garde de regimber, pluſt oſt ahanant ſous le faix, eſmouuoit. à pitiè tous ceux qui regardoyent ſa contenance, le ſeul cheual ne faiſoit que s’en rire. Le Maiſt re etant cõtraint de s’arreſt er en vn village, pour payer le peage, enuoya ſon courtaut deuãt, & l’aſne auſsi qui le ſuyuoit, au moins mal qu’il eſt oit poſsible, iuſques à ce qu’eſt ans arriuez en vn mauuais paſſ age, duquel l’aſne preuoyoit bien qu’il luy eſt oit impoſſ ible d’eſchapper, ny de paſſ er outre, ſans ſe rompre ou bras, ou iambe, & parauẽture auſsi le col, pria lors affect ueuſement le cheual de luy aſsiſt er, & l’aider à paſſ er ce mauuais chemin, ne luy demandant pour tout ſecours autre choſe, ſinon qu’il print ſur ſoy le ballot d’extraordinaire, iuſques à ce, tant ſeulement, qu’il euſt paſſ é par delà ce mauuais paſſ age, promettãt le reprendre apres treſ volontiers deſſ us ſon dos : mais il craignoit autant ce bourbier-là, comme ſa ruine preſente. Le cheual ſe moquãt de l’aſne, au lieu de luy vouloir aider, le menaçoit fierement du rude baſt on de ſon Maiſt re, qu’il diſoit ne pouuoir tarder : que d’obligation, il n’en auoit point à l’aſne, & quand bien il en euſt quelqu’vne, elle ne s’eſt ẽdoit point iuſques-là, que de luy perſuader, de faire le vil office de Baudet, qu’il eſt oit cheual de nature, plus genereux qu’on ne penſoit, qu’il s’eſt oit trouué
maintesfois entre les rengs des grands cheuaux :