Ie leur ay fait entẽdre, autant comme i’ay peu,
& ſceu, le ſurplus de la perfidie de Charles de Valois,
& des ſiens, leurs deſſ eins, leurs entrepriſes,
la calamité de l’Egliſe Françoiſe, le beſoin qu’elle
a d’aide, le deuoir qu’ils ont de la ſecourir en ſa
neceſsité, comme membres de l’Egliſe Catholique,
que nous croyons tous n’ayant qu’vn ſeul
chef Ieſus Chriſt : ie leur ay remonſt ré le bien
qu’il leur en reuiendra, s’ils le font, & le mal ne le
faiſant pas : ie leur ay dit là deſſ us, ce que Daniel
en auoit prononcé en l’arreſt que tu ſcay, i’ay accompagné
mon dire d’authoritez de l’Eſcriture,
des ſainct s Doct eurs, d’exemples anciens, & modernes,
de la raiſon diuine, & humaine : ie l’ay meſmes
entrelardé de quelques fables ſeruãs à ce propos :
entre autres, ie leur ay recité bien à point (cõme
ils me l’ont par apres confeſſ é) la fable que tu
ſcay du bon homme Mercier.
Le pol. Ie ne ſcay quelle fable tu veux dire, ie l’orrois
volõtiers dire, s’il te plaiſt en prẽdre la peine.
L’hi. Ie penſois que tu la ſceuſſ es mieux que moy :
elle eſt aſſ ez vulgaire, mais fort conuenable à noſt re
fait.Eſcoute.Il y auoit vne fois vn bon
homme de Mercier, trafiquant, & frequentant
les foires : monté d’vn bon & beau courtaut, qui menoit apres ſoy vn aſne, chargé des balles de ſa
marchandiſe : Auint vn iour, ou pource que l’aſne
eſt oit trop dru, frais, & gaillard, qu il s’eſgaroit
à trauers chãps, ne ſe ſouuenãt plus des coups
de baſt õ qu’il en auoit receu au parauãt, ou pour
quelque autre occaſiõ ſecrete, qu’auoit le maiſt re
d’ainſi faire : il auint dis-ie, qu’il s’auiſa de charger