L’Hiſt . Ie ſerois content de t’ouyr diſcourir ſur ceſt e matiere, s’il te plaiſoit prendre la peine de la
traiter naifuement, ſelon la conſcience & l’eſt at.
Tu ſcais qu’il y a pluſieurs conſciences de timides
ſcrupuleux, qui font eſt at de ſe laiſſ er frapper
& de tendre auſsi toſt l’autre ioue.
Le pol. C’eſt tresbien fait à des priuez, & pour des
iniures priuees de patienter & de ſouffrir, pluſt oſt
que de rendre la pareille : mais en ce fait il va bien
autrement.
L’hi. Ie le ſcay bien, & ne ſuis pas ſi grue, que ie
ne ſache comme il s’y faut porter. Et ne doute
non plus qu’il ait eſt é & qu’il ſoit loiſible à nos
freres de ſe garder contre l’inuaſiõ du Tyran, que
contre brigans & volleurs, contre des loups & des
ſangliers, ou autre beſt e plus farouche.
Ie dy d’auãtage auec l’ancien peuple Romain :
que d’entre tous les act es genereux, le plus illuſt re
& magnanime eſt , d’occire le Tyran : eſt ant,
comme tresbien le monſt re Ciceron, vn tel act e,
quand bien il ſera executé par vn familier du tyrã,
tout plein d’honeſt eté & de bien ſeance, conioinct e
auec le ſalut & l’vtilité de la choſe publique.
Mais ce qui me fait deſirer d’entendre de ta
bouche la reſolution de ce faict : c’eſt pour me
ſeruir des argumens, authoritez & exemples deſquels
ie ſcay que tu abondes, à confermer les timides,
& reſoudre les ſcrupuleux.
Le pol. S’il faut que ie traite ce point, ie crain d’eſgarer ta memoire de ton diſcours encommencé.
L’hi. Point, poĩt, ne crain pas que ie laiſſ e d’y reuenir,
i’auray fait ẽ deux pas & vn faut, Mais cõmẽce
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