ie te prie de traiter vn peu clerement ceſt e matiere :
elle n’eſt pas hors de propos.
Le pol. Ie le veux bien : Eſcoute.
Premierement il faut eſt ablir ceſt e maxime :
qu’il n’y a qu’vn ſeul Empire infiny : ſcauoir, celuy
de Dieu tout puiſſ ant, & par conſequent que
la puiſſ ance de quelque magiſt rat & Prince que ce
ſoit eſt encloſe dans certaines limites & barrieres,
hors deſquelles le Prince ne doit ſortir, ny le
ſuiet, s’il les outrepaſſ e, luy obéir : autrement ce
ſeroit eſgaler l’Empire du Magiſt rat à celuy de
Dieu ſouuerain : blaſpheme par trop horrible ſeulement
à le penſer. Car quoy que le Magiſt rat repreſente
l’image de Dieu, ſi ſe faut-il ſouuenir
de ce que Dieu a dit par ſon Prophete : Ie ne dõneray
pas ma gloire à vn autre. Les magiſt rats dõques
ſont eſt ablis de Dieu, non afin qu’en partageant
auec ſa Maieſt é ils ſe reſeruent partie de la
gloire : ains afin que cõme Miniſt res & ſeruiteurs
du Seigneur ils raportent entierement à leur maiſt re
toute gloire & tout honneur.
Les Magiſt rats, s’ils n’auiſent de pres à leur deuoir,
peuuẽt commettre des fautes bien lourdes :
ſoit en commandant ce qui repugne à la premiere
table de la loy de Dieu : ou en deffendant, ce
qui eſt commandé par la premiere table : Tels cõmandemens
& deffenſes ſont prophanes & contre
toute pieté. Ils offenſent auſsi contre la ſecõde
table, quand ils commandent ce qui ne ſe peut
obſeruer ſans violer la charité deue au prochain :
ou deffendent de faire les choſes lesquelles nous
ne pouuons delaiſſ er ſans violer celle charité qui