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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/282

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D I A L O G V EI I.

ie te prie de traiter vn peu clerement ceſ‍te matiere : elle n’eſ‍t pas hors de propos.

Le pol. Ie le veux bien : Eſcoute.
Premierement il faut eſ‍tablir ceſ‍te maxime : qu’il n’y a qu’vn ſeul Empire infiny : ſcauoir, celuy de Dieu tout puiſ‍ſant, & par conſequent que la puiſ‍ſance de quelque magiſ‍trat & Prince que ce ſoit eſ‍t encloſe dans certaines limites & barrieres, hors deſquelles le Prince ne doit ſortir, ny le ſuiet, s’il les outrepaſ‍ſe, luy obéir : autrement ce ſeroit eſgaler l’Empire du Magiſ‍trat à celuy de Dieu ſouuerain : blaſpheme par trop horrible ſeulement à le penſer. Car quoy que le Magiſ‍trat repreſente l’image de Dieu, ſi ſe faut-il ſouuenir de ce que Dieu a dit par ſon Prophete : Ie ne dõneray pas ma gloire à vn autre. Les magiſ‍trats dõques ſont eſ‍tablis de Dieu, non afin qu’en partageant auec ſa Maieſ‍té ils ſe reſeruent partie de la gloire : ains afin que cõme Miniſ‍tres & ſeruiteurs du Seigneur ils raportent entierement à leur maiſ‍tre toute gloire & tout honneur.
Les Magiſ‍trats, s’ils n’auiſent de pres à leur deuoir, peuuẽt commettre des fautes bien lourdes : ſoit en commandant ce qui repugne à la premiere table de la loy de Dieu : ou en deffendant, ce qui eſ‍t commandé par la premiere table : Tels cõmandemens & deffenſes ſont prophanes & contre toute pieté. Ils offenſent auſsi contre la ſecõde table, quand ils commandent ce qui ne ſe peut obſeruer ſans violer la charité deue au prochain : ou deffendent de faire les choſes lesquelles nous

ne pouuons delaiſ‍ſer ſans violer celle charité qui

nous