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D I A L O G V EI I.

point me deſcouurir ny faire ſemblãt de mõſ‍trer quel des partis ie maintenois. Cependant i’allois pourſuyuant mon chemin, n’ayant eu preſque iamais faute d’vn entretien de meſme eſ‍toffe ſelon les gens que ie rencontrois : Dieu voulut qu’vn iour ie trouuay par les chemins deux gentils-hõmes de la Religion, qui s’eſ‍toyent depuis les maſſacre reuoltez de peur de la mort, bien montez & armez de meſmes qui s’en alloyent tout droit au camp aſ‍ſemblé deuant la Rochelle : non pas, ce diſoyent-ils, afin de faire mal aux aſsiegez : que pluſ‍toſ‍t ils mourroyent mille morts que le penſer : ains ſeulement pour empeſcher qu’on ne confiſcaſ‍t tous leurs fiefs & qu’on les rendiſ‍t roturiers, ſuyuãt le ban qui en eſ‍toit fait & publié par toute la France contre ceux qui refuſeroyent de ſe trouver en celle armee : & auſsi pour plus ſeurement garantir, eux & leurs familles en monſ‍trant l’atteſ‍tation de leur ſeruice.
Ces poures gens à demy morts de la faſcherie qu’ils auoyent d’auoir offenſé Dieu contre leur conſcience portoyent vn incredible regret des cruautez exercees ſur nos freres, des trahiſons, deſloyautez & autres confuſions qu’on voyoit emmy le Royaume. Et en ſouſpirant maintefois monſ‍troyent de porter vne enuie de recouurer leur liberté, comme qu’il fuſ‍t, fuſ‍t ce au prix de leur vie, ſi l’occaſion ſi preſentoit.
Ceux-là m’aſ‍ſeurerẽt que Sancerre, où i’auois enuie d’aller tout premierement eſ‍toit de bien pres aſsiegee, & la Rochelle tout de meſmes, qu’il

n’y auoit moyen d’y entrer ou de ſe gliſ‍ſer dans le

g iii.