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D I A L O G V EI I.

Adiouſ‍tez y le Roy luy-meſmes, & ſon frere le beau Monſieur : vous ne ſcauriez dire, lequel de tous ceux là vaut mieux que l’autre. Que pleuſ‍t à Dieu qu’ils fuſ‍ſent tous chaſ‍trez comme ils le meritent. Le chaſ‍timent du Parricide, c’eſ‍t de les ietter à val l’eau dans vn ſac de cuir, bien couſu auec vn ſerpent, ce me ſemble, vn coq & vn ſinge auſſi. O que cela conuiendroit bien à vn Charles le parricide ! à Catherine la couleuure, le coq ſeroit noſ‍tre Monſieur, & le Peron ſeroit le ſinge : ce ſeroit aſ‍ſez de ces quatre, les autres auroyent belle peur. On purgeroit toſ‍t le Royaume de garnemens : ie m’aſ‍ſeure bien, diſoit l’hoſ‍te, que s’ils s’en vont à la Rochelle, ils n’en reuiendront ia tous : ou il y aura de la iuſ‍tice auſsi peu au ciel qu’en la France. Toutefois ceux-cy n’ont garde d’aller auant dãs la meſlee, ils craignẽt les coups, les tyrans. Mais il y font aller les autres pour en auoir leur paſ‍ſetemps. Hé que de braues gentilshommes, que de ſeigneurs, que de ſoldats y vont mourir : c’eſ‍t grand pitié : c’eſ‍t grand dommage. Si l’eſ‍tranger nous venoit ſur les bras, A dieu la France, elle tomberoit aiſément és mains du premier aſ‍ſaillant, maintenant qu’elle eſ‍t deſpourueue & qu’elle s’en va deſpouillant iournellemẽt de ſes bras droits, de ſes parreins, ſes deffenſeurs.
Voila la plus part des deuis que i’entendois tenir à table, auprès du feu dans les logis. Et Dieu ſcait ſi ces harẽgueurs en deſpitant à tous propos accompagnoyent leurs beaux diſcours de iuremens & de blaſphemes, ie n’eu onques tant de regret,

i’eſ‍tois contraint leur laiſ‍ſer dire, ie n’oſois

point