nel, & faiſoyent aller en fumee tout iugement &
condemnation. Dont il aduenoit que le condamné
au lieu de s’amender alloit multipliant ſes
fautes, cuidant que tout luy fuſt permis ſous couleur
qu’on le penſoit eſt re braue, gaillard & bien
adroit ſoldat.
L’hi. Cela eſt bien fort dangereux : il n’y a celuy
qui ne condamne le fait des Romains en ſemblable
cas, quand pour les merites d’Horace, qui par
ſa vaillance auoit vaincu les Curiaces, & rendu
par ce moyen là Rome maiſt reſſ e des Albains,
ils luy remirent la fratricide qu’il auoit commis
enuers ſa ſœur, laquelle il meurtrit au retour de
ſa vict oire, pour le regret qu’elle portoit d’y auoir
perdu ſon mary. Au lieu qu’Horace deuoit eſt re
chaſt ié par ſupplice de mort, cõme il le meritoit
tresbien.
Il vaut beaucoup mieux pratiquer ce que les
Romains plus auiſez firent par apres enuers leurs
citoyens & ſoldats en remunerant les bienfaits &
bons ſeruices de quelque honneſt e petit guerdon
ſelon la portee de la republique & diſpenſation
du temps : & en chaſt iant rudement les vices &
les laſchetez, cõme ils firent enuers Manlius Capitolinus.
Auquel pour auoir ſauué le Capitole,
comme ie te diſois n’agueres, ils donnerent vne
petite meſure de farine (preſent aſſ ez conuenable
pour ce temps là) en recognoiſſ ance de ſa vertu,
& ne laiſſ erent pas pourtant de le condamner &
ietter apres du haut en bas du meſme Capitole
qu’il auoit peu deuant gardé, à cauſe de la ſeditiõ
qu’il auoit cuidé faire naiſt re dedans Rome par
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Apparence
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