Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
D I A L O G V EI I.

ſon enuie & meſchante nature.
Le pol. Il vaut beaucoup mieux, vrayement auſsi nos gens en ſont bien là logez.
Quant aux 11 & 24 articles, nos freres cognoiſſans de quelle importance ils ſont, n’ont garde de faillir à les obſeruer, ains en ſont du tout reſolus. Ils ſcauent qu’aux guerres paſ‍ſees ceux des ennemis auſquels ils donnoyent la vie, ceux qu’ils prenoyent à mercy les laiſ‍ſant aller bagues ſauues, comme il eſ‍t aduenu ſouuent, le lendemain ou l’autre apres, au lieu de leur ſcauoir bon gré de la vie qu’on leur laiſ‍ſoit venoyent pour rauir la leur ſe monſ‍trans plus cruels & rudes qu’ils n’auoyent eſ‍té parauant. Ainſi donc que les brigands s’aſſeurent de n’en auoir pas bon marché, ſi Dieu les baille entre les mains de quelcun de nos gallans hommes, ils ſont reſolus, ne te chaille.
L’hi. Voire mais. Les ennemis en pourront faire autant aux noſ‍tres.
Le pol. Tu dis vray s’ils leur tombent entre les mains. Mais auſsi que penſerois tu, que toſ‍t ou tard ils veullent faire ſi nous leur venons entre les mains, quoy qu’ils nous promiſ‍ſent la vie, ſi ce n’eſ‍t de tuer, empoiſonner, faire mourir ou nous forcer, que ie repute beaucoup pire ?
Or ceſ‍te reſolution de nos freres de ne prẽdre à mercy aucun des ennemis ſeditieux & armez fera trembler nos ennemis, qui nous aſ‍ſaillent & offenſent contre leur cõſcience & contre tout droit d’humanité pour complaire au deſir du tyran, fera dis-ie reboucher leur fer à la premiere goutte

de ſang qu’ils ſentiront couler de leurs corps eux

qui