Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
D I A L O G V EI I.

aſ‍ſopie cõe de choſe nõ auenue, deffendãt à tous ſeſ ſuiets de quelque qualité qu’ils ſoyent qu’ils n’ayẽt à en parler ny en renouueller la memoire.
L’hi. Mon Dieu le vilain edit : ie te prie ne m’en recite pas d’auãtage : eſ‍t-il poſsible qu’il y ait tãt d’impudẽce en tout le reſ‍te des meſchãs qu’en ce perfide tyrã ? qui apres auoir tout rauagé & enſanglãté toute la Frãce aux quatre coins & au milieu, veut faire à croire maintenãt, qu’il a eu touſiours intentiõ de cõduire le tout doucement & par la voye amiable ? Ha malheureux ! Et eſ‍t-il poſsible encores qu’il oſe maintenant deffendre de iamais ne parler de ſi horribles cruautez ? ou penſe-il par ſon edit pouuoir effacer la memoire de ſes trahiſons cõme de choſe non auenue ? que n’entreprẽd il quand & quãd de deffendre ſur groſ‍ſes peines au ſang innocent reſpandu de ne demander point vengeance deuant le tribunal de Dieu ? ha ſchelme ! Et les pierres n’en parlerõt elles pas, quand les hõmes ſeroyent ſi laſches que de t’obeir en cela ? O le grãd coup que ce tyran a fait pour nous en ceſ‍t endroit, c’eſ‍t vn bel article de paix. C’eſ‍t autãt cõme s’il diſoit : il eſ‍t vray poures beſ‍tes que le 24. d’Aouſ‍t, & depuis en çà i’ay tué & fait tuer, & maſ‍ſacrer traiſ‍treuſemẽt, ſans differẽce d’aage de ſexe ny de qualité tous ceux que i’ay peu d’entre vous ? Et ne tiẽt pas a moy, que ie ne face mourir tout ce qui eſ‍t demouré de reſ‍te. Car telle eſ‍t mon intentiõ : mais ie veux & entens qu’on croye qu’il en va bien tout autremẽt, & qu’il n’en eſ‍t riẽ auenu, quoy que le ciel & la terre le ſache : ha beſ‍te furieuſe & enragee ſi iamais il en fut au mõde !