aſſ opie cõe de choſe nõ auenue, deffendãt à tous
ſeſ ſuiets de quelque qualité qu’ils ſoyent qu’ils
n’ayẽt à en parler ny en renouueller la memoire.
L’hi. Mon Dieu le vilain edit : ie te prie ne m’en
recite pas d’auãtage : eſt -il poſsible qu’il y ait tãt
d’impudẽce en tout le reſt e des meſchãs qu’en ce
perfide tyrã ? qui apres auoir tout rauagé & enſanglãté
toute la Frãce aux quatre coins & au milieu,
veut faire à croire maintenãt, qu’il a eu touſiours
intentiõ de cõduire le tout doucement & par la
voye amiable ? Ha malheureux ! Et eſt -il poſsible
encores qu’il oſe maintenant deffendre de iamais
ne parler de ſi horribles cruautez ? ou penſe-il par
ſon edit pouuoir effacer la memoire de ſes trahiſons
cõme de choſe non auenue ? que n’entreprẽd
il quand & quãd de deffendre ſur groſſ es peines
au ſang innocent reſpandu de ne demander point
vengeance deuant le tribunal de Dieu ? ha ſchelme !
Et les pierres n’en parlerõt elles pas, quand
les hõmes ſeroyent ſi laſches que de t’obeir en cela ?
O le grãd coup que ce tyran a fait pour nous
en ceſt endroit, c’eſt vn bel article de paix. C’eſt
autãt cõme s’il diſoit : il eſt vray poures beſt es que
le 24. d’Aouſt , & depuis en çà i’ay tué & fait tuer,
& maſſ acrer traiſt reuſemẽt, ſans differẽce d’aage
de ſexe ny de qualité tous ceux que i’ay peu d’entre
vous ? Et ne tiẽt pas a moy, que ie ne face mourir
tout ce qui eſt demouré de reſt e. Car telle eſt
mon intentiõ : mais ie veux & entens qu’on croye
qu’il en va bien tout autremẽt, & qu’il n’en eſt riẽ
auenu, quoy que le ciel & la terre le ſache : ha beſt e
furieuſe & enragee ſi iamais il en fut au mõde !
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D I A L O G V EI I.