puis qu’il eſt touſiours en ſa puiſſ ãce d’eſt re mauais
quãd il voudra, & d’auoir pluſieurs tels maiſt res :
c’eſt autant qu’on en a eſt re autant de fois
extrememẽt mal-heureux. Mais ie ſcaurois volõtiers,
comme il ſe peut faire que tant d’hommes,
tant de bourgs, tãt de villes & tant de prouinces,
endurẽt ſi long tẽps vn tyran ſeul, qui n’a moyen
que celuy qu’on luy donnes, qui n’a puiſſ ance de
leur nuire, ſinõ tant qu’ils ont vouloir de l’endurer,
qui ne ſcauroit leur faire mal aucũ, ſinõ alors
qu’ils ayment mieux le ſouffrir que luy contredire ?
Tant plus i’y penſe, plus i’en ſuis esbahy.
L’hi. Et moy de meſmes, ie t’aſſ eure. Mais ie
te prie, mon grand amy, que i’aye ce bien maintenant
de t’ouyr ſur ceſt e matiere, faire vn peu
le preſt re Martin. Ce ſuiet eſt propre à ce temps
& ie ſcay bien que tu l’entens auſſ i bien qu’homme
de noſt re aage. Commence, ie t’eſcouteray,
i’ayme mieux veiller toute nuict .
Le pol. I’en ſuis content : auſſ i bien y a il longtemps
que i’en ſuis ſi gros, que ie creue d’enuie
que i’ay d’enfanter ce que ie ſens de c’eſt affaire :
Mais ie proteſt e bien que ie n’en parleray point
comme les Huguenots en parlent, ils ſont trop
doux & trop ſeruiles : i’en parleray tout amplement
en vray & naturel François, & comme vn
homme peut parler des choſes ſuiettes à ſon iugement,
voire au ſens commun de tous hõmes :
afin que tous nos Catholiques, nos patriotes
& bons voiſins & tout le reſt e des François
qu’on traite pire que les beſt es, ſoyent eſueillez
à ceſt e fois pour recognoiſt re leurs miſeres, &