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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/386

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D I A L O G V EI I.

& neantmoins ſe craindre de luy plus que de tout homme du monde : auoir touſiours l’œil au guet, l’oreille aux eſcoutes pour eſpier d’ou viendra le coup, pour deſcouurir les embuſches, pour ſentir la mine de ſes compagnons, pour aduiſer qui le trahiſ‍t, rire à chaſcun, ſe craindre de tous, n’auoir aucun, ny ennemy ouuert, ny amy aſ‍ſeuré, ayant toujours le viſage riant & le cœur tranſy, ne pouuant eſ‍tre ioyeux, & n’oſer eſ‍tre triſ‍te.
Le pol. Tu as deſcrit en deux mots, la vie de ces miſerables. Mais pour en parler à bon eſcient & ne plus flatter le dé, comme l’on dit, tout ainſi que la Repub. de laquelle les Roys philoſophent ou en laquelle les Philoſophes ſont gouuerneurs (ſelõ le dire de Platon) eſ‍t heureuſe ſur toutes autres : Et que c’eſ‍t vn treſgrand heur d’eſ‍tre ſuiet à vn bon Prince qui ſoit ſuiet à la loy, laquelle ait pour ſeure garde de peur qu’elle ne ſoit violee, quelques eſ‍tats ou parlemẽs. Ainſi que iadis noſ‍tre Frãce, & cõme encores quelques vns de nos voiſins l’ont pour le iourd’huy parmy eux. Auſ‍ſi eſ‍t-ce vne grãde miſere de demeurer ſous la ſeruitude d’vn tyran, chaſ‍ſeur deſloyal, & d’vn conſeil de meſme eſ‍toffe, qui ne garde ni foy, ni loy, aucune equité ou droiture, non pas meſme l’humanité, ni les loix que nature imprime dans le cœur des plus mallotrus. C’eſ‍t (di-ie) vn extreme malheur non ſeulemẽt pour les Courtiſans : ains auſ‍ſi pour tous les François de quelque religiõ & condition qu’ils ſoyẽt d’eſ‍tre ſuiets à vn maiſ‍tre, duquel

on ne peut iamais s’aſ‍ſeurer qu’il ſoit bon,

puis