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D I A L O G V EI I.

que nos anciens Peres auoye parmy eux, du temps que les Eſ‍tats eſ‍toyent en regne, dõt M. Hottoman nous a fait vn fort gentil & riche recueil en ſon œuure Gaule françoiſe, i’oſeroy (dis-ie) aſ‍ſeurer que cela reueilleroit les coqs, leur feroit hauſ‍ſer les creſ‍tes, battre les aiſles, & courir ſus de bec & d’ongles, contre ceux la qui les tienent captifs : & ſeroit ſuffiſant moyen pour faire qu’vn chacũ pẽſaſ‍t à recouurer ſa liberté, à crier apres les Eſ‍tats à les redreſ‍ſer, & remettre. On verroit bien toſ‍t l’aage d’or, que les Tyrãs ont effacé de France, pour y planter celuy de fer, d’oppreſ‍ſion, & d’infameté, reluire comme au parauant, la paix, l’amitié & concorde ſurgir & croiſ‍tre à veue d’œil, & faire à iamais ſa demeure parmy nos naturels François : he que ceſ‍t vne grand pitié ! qu’vne ſi belle nation, ſi grande & ſi opulente, ſoit par ſi long temps mal menee, à l’appetit de ſix ou ſept : deſquels le meilleur ne vaut pas qu’on prenne peine de le pendre. Mais ie ſcaurois fort volontiers, s’il te plaiſoit de me le dire, comment c’eſ‍t, que tous nos François ſe ſont ainſi laiſ‍ſé deſchoir, & comme ceſ‍te opiniaſ‍tre volonté de ſeruir s’eſ‍t ſi auant enracinee dans leurs mouelles, qu’il ſemble maintenant, que la memoire de la liberté ne ſoit pas ſi naturelle.
Le pol. Si ie n’eſ‍tois accablé de ſõmeil, ie te diſcourrois bien au long, d’où procede la maladie & la matiere peccãte d’icelle. Mais ie t’aſ‍ſeure l’amy, que i’ay les yeux pieçà cillez, & les leures comme couſues. Nous aurons demain bon