ſi fort eſt range, de voir ces poures Suyſſ es ſe laiſſer mener à la boucherie (car ſans doute il en mouroit & en eſt oyent tuez beaucoup en France pour trois ou quatre eſcuz le mois) à la merci de trois ou quatre Colonels qui rempliſſ oyent leurs bougetes, aux deſpẽs du ſang de leurs combourgeois. Et euſsiõs bien voulu, qu’au lieu de ſix mille Suyſſ es armez, les Seigneurs des Ligues en euſſ ent enuoyé ſix des plus ſages & paiſibles au Roy & à ſõ conſeil, pour faire entendre qu’à tout euenement en telles guerres ciuiles, il vaut mieux armer le parti obeiſſ ant, que le ſeditieux & rebelle. Que celuy eſt obeiſſ ant, qui ſe contente des bons Edict de ſon Roy : que les Huguenots (hors la conſcience) luy rendoyẽt tous deuoirs de ſuiets, mais qu’au reſt e le corps eſt foible & moins appareillé à cõbatre les autres, quand il a perdu la moitié de ſes membres : qu’il n’y a choſe plus miſerable que la vict oire és guerres ciuiles, laquelle affoiblit le vaĩqueur bien ſouuent autãt que le vaincu, le liurant à la fin du compte entre les mains de ſes voiſins : que partant l’opinion de Machiauelli (que le conſeil du Roy ſembloit ſuyure, tenant ſes ſuiets deſunis) eſt oit vne perniceuſe hereſie en matiere d’eſt at : qu’il valoit donc mieux conſeruer le tout, qu’en ruiner vne grande partie. Que les Républiques des Suyſſ es & celles d’Allemagne (quoy qu’il y ait meſme diuerſité de religions qu’en France) ne laiſſ oyent pas de proſperer, & eſt re bien fort paiſibles : En ſomme, nous euſsions deſiré que les Seigneurs des Ligues euſſ ent fait remonſt rer les
choſes, qu’ils euſſ ent auiſé eſt re mieux pour le biẽ