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AURÈLE ROBERT.

AURĖLE ROBERT. 301

j’occupe présentement. C’est nécessaire que les Robert fassent parler d’eux ! Ainsi, en avant et du courage, que nous soyons ensemble au nouvel an ! Jet’enverrai de l’argent pour le voyage, nos parents ont déjà fait beaucoup pour moi, ils ne doivent plus donner leurs peines pour toi. >

Ce fut le cceur gros qu’on se décida, à la fin, à se séparer de l’enfant chéri. Aurèlo partit pour Rome au commencement de l’année 1822. On l’avait remis à la garde d’un robuste vieux bonhomme de la Chaux-deFonds. Ce premier voyage, ce passage des montagnes durant tontes les sévérités d’un hiver rigoureux, ces fatigues, ces dangers mêmes paraissent avoir fait nne impression profonde sur l’esprit de l’adolescent, qui comptait dix-sept années. Arrivé au déclin de la vie, Aurèle racontait combien il avait été frappé de la vue des cascades glacées, comment nos deux voyageurs avaient été forcés d’interrompre leur route. Le jeune homme avait le mal du pays, il éprouvait aussi un tourment de son oisiveté ; on le grondait sans cese, si bien qu’il se sentait tout heureux, le soir, de pouvoir pleurer à son aise, seul, dans son lit. En revanche, à Rome, il trouva l’accueil le plus cordial, et tout d’abord s’établit entre les deux frères cette relation intime, laquelle allait durer aussi longtemps que leurs deux vies. Vis-à-vis de son jeune protégé, quelle que fût d’ailleurs la dureté des eirconstances pour lui-même, Léopold garda invariablement et sans la moindre arrière-pensée la plus entière ouverture. Aurèle, d’autre part, put s’estimer heureux, car le moment de sa réunion à son frère n’aurait pas pu être plus heureusement choisi. te