Page:Revilliod - Portraits et croquis, tome 2, 1883.pdf/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
303
AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. 303

plus vive. Dans les districts romano-napolitains, autrement dit ceux qui séparent les frontières des deux Etats, le brigandage avait repris avec une intensité telle, dans une si effrayante mesure, qu’il fallut à la force armée entreprendre une véritable expédition pour venir à bout de toutes ces bandes, notamment de celles nichées dans ee nid d’aigles posé sur un rocher nommé Sonnino ; le uid fut pris et détruit, et les coupables furent en partie passés par les armes, en partie conduits en longues files, enchaînés, dans la capitale.

Pour le coup, voilà un sujet ou plutôt des sujets comme il ne s’en était jamais trouvé de pareils eu faveur des artistes de Rome, snjets dont notre Léopold s’empara avec enthousiasme. Sa résolution est bientôt prise : il se rend soudain chez le gouverneur de la ville, qui lui donne sans se faire prier la permission de visiter les prisons autant qu’il le voudra et d’y choisir ses modèles isuivant son bon plaisir. Léopold passa deux mois entiers au milieu de ces infortunés, admirant sans se lasser ce peuple aux passions violentes, désordonnées, mais qui, à côté de ses vices, avait su conserver tant de sa beauté, de son orgueil, de son originalité native. Parmi les très nombreux artistes qui, dans la suite, s’ocenpèrent de cees dévoyés de la loi et de la fortune, Léopold Robert a été un des premiers, et ce qu’il peignit dans ce temps excita une admiration absolument sans mélange. Le succès pour lui avait commencé, temps d’un bonheur court, mais suprême, qu’il devait dès lors se rappeler toute sa vie ; moment qui coincida avec eelui où Aurèle entreprit son voyage, où les deux frères allaient se retrouver. Il existe une lettre de Léopold où il énumère à un ami tous ses plans rela-