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AURÈLE ROBERT.

AURĖLE ROBERT. 321

de communiquer au spectateur l’émotion qui l’anime lui-même.

Avec le premier séjour d’Aurèle Robert à Venise commença l’époque que nous pouvons sans exagération appeler celle de son talent ; il était dans la plénitude de ses moyens, tout lui réussissait. Le début de l’année 1835 paraît lui avoir été particulièrement heureux : Quel bonheur, éerivait à ce propos son frère Léopold, qu’Aurèle recueille les fruits de ce qu’il a semé ! Quelle joie pour les nôtros et comme lui est content ! Hier il était si excité que toute la nuit il n’a pas dormi. » Plus loin : <J’en reviens au tableau d’Aurèle. Ce bon Delécluze ! je pourrais l’embrasser pour l’article qu’il a écrit sur mon frère. > Ces jours de félicité ne furcnt, hélas ! que de courte durée. Une mélancolie dévorante s’empara de l’âme de Léopold. Les efforts de ses amis, qui auraient voulu le distraire, demeurèrent sans résultat ; vain fut le

vaine fut la gaieté qu’Aurèle, malgré le tourrepos ; ment

qui le rongeait, s’efforçait de faire paraître. « Ce bon Marcotte, > disait-il, en parlant d’une lettre que celui-ci avait écrite à Léopold, en réponse à toutes ses plaintes, dans l’espérance de le consoler, « prend grand souci de ton état ; pourtant il me semble que qui mange, boit et travaille comme toi, ne peut pas être malheureux ; tu devrais bien dire ça à ton ami. > Au commencement de son séjour à Venise, Léopold fréquentait encore le monde ; peu à peu il s’en retira absolument et, dans la suite, n’eut plus commerce qu’avec quelqnes intimes et avee son frère, qui passait ses jours à travailler auprès de cet infortuné. Qu’on se représente l’état d’Aurèle pendant cos temps néfastes : en proie à une douleur profonde, incapable de sauver son frère, se montrant à lui tan- A up

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