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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. 323

pour sa santé et accompagné de sa femme et de sa belle-seur. J’y allais assez ordinairement le dimanche soir, et enfin, à force de prières, j’étais parvenu, ce soir-là, à conduire Léopold chez ces dames, qui s’informaient toujours de lui avec intérêt. « La soirée se passa d’une manière charmante. Les dames, fort bonnes musiciennes, offrirent d’abord de faire de la musique et demandèrent à Léopold ce qu’il préférait qu’elles exécutassent. Elles avaient le Requiem de Mozart, qu’il les pria de faire entendre. Puis vinrent des valses, et l’on se mit à danser. Léopold lui-même prit part à nos divertissements, et se mit à causer avec une vivacité, une gaieté que je ne lui avais pas vues depuis longtemps. Je jouissais de le voir dans cette disposition. Aussi me promettais-je bien de mettre tout en euvre pour le faire revenir au milieu de cette aimable famille. Avant de rentrer, nous fimes encore, avec nos jeuues Allemands, une assez longue promenade. Nous trouvâmes à la maison le Journal des Débats, dans lequel M. Delécluze annonce l’arrivée du tableau des Pêcheurs à Paris ; le consul de France, M. de Sacy, avait eu l’attention de nous l’envoyer. Je fis lecture à Léopold de l’article qui le concerne, et, après lui avoir donné le bonsoir, je montai à ma chambre. Les jours suivants, jusqu’au vendredi, nous travaillâmes, selon notre coutume, l’un après l’autre dans le même atelier. Ordinairement nous causions fort peu, autant par habitude que pour ne pas nous distraire de nos travaux ; mais ce jour-là nous étions souvent en conversation… « Dans les derniers jours, il était inquiet.. <..Il laissait voir tout ce qu’il avait de mobilité dans ses idées, dans ses projets. Sa parole était entrecoupée, ses discours peu clairs, et je m’efforçais de lui