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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. faire rendre sa pensée plus nettement, afin de pouvoir combattre ce qu’il y avait d’inquiétant daus ses discours. « 

Excuse-moi, me disait-il alors avec une douceur angélique qui m’arrache aujourd’hui des larmes, je t’inquiète, je te tourmente, mais j’aime à t’entendre : parle, cela me fait du bien. « Un matin, il me dit qu’il se sentait mieux, qu’il avait lu la Bible, qu’il croyait à la grâce.— Eh bien ! oui, lui dis-je, n’es-tu pas convainen maintenant que tu dois être heureux ? que Dien t’a accordé la force d’atteindre à ton but si noble, si difficile, et qu’il t’accorde maintenant la récompense de tes peines, dont tu recueilleras le fruit en jouissaut de l’amitié, de l’estime de tes parents, de tes amis ? « Souvent il venait mettre ses deux bras sur mes épaules et, regardant mon travail : C’est bien, c’est bien, e’est très bien ; ta copie est mieux que la mienne, disait-il en poussant un soupir. Ça ne va plus, ma vne baisse ; je n’ai plus de plaisir au travail ! Je lui répondais : Quand tu te seras reposé et que tu feras un tableau original, tu auras sans doute plus de plaisir qu’en faisant cette copie (celle des Moissonneurs, pour le comte Raczinski, à Berlin). « Enfin, je faisais des efforts ineroyables pour ranimer son courage ; mais si l’effet de mes paroles était bon dans l’instant, il était bientôt détruit par la maladie. Une inquiétude constante et vague m’empêchait de mauger et souvent même de travailler. Léopold, qui ne pouvait se dissimuler qu’il en fât la cause, g’accusait d’entreténir mon chagrin et, de son côté, il paraissait tout aussi préocenpé de moi que je l’étais de lui…le

e La dernière lettre qu’il reçut de Florence est