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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. 335

de culture intellectuelle, le sens de ce qui est bon et beau : en un mot on revit ici ! » Une vue de l’intérieur de l’église sur l’eau (Wasserkirche), peiut par Aurèle Robert pendant son séjour à Zurich et qu’à ce jour conserve encore sa famille, peut sans contredit compter comme une des pièces les meilleures de son ceuvre, aussi remarquable par le coloris que par la perfection avec laquelle l’architecture est rendue ; toutes les difficultés de la perspective linéaire ont été vaincues. Si Aurèle Robert avait été heureux comme artiste, il ne l’était guère moins comme père de famille. Il faut avoir connu de près cet intérieur pour comprendre comment le peintre, après avoir passé tant d’années de sa vie dans un milieu intellectuel, foyer où venaient briller toutes les productions artistiques, pouvait au déclin de ses jours, dans la retraite qu’il s’était choisie, garder des sentiments si frais et tant d’inspiration. Le sérieux, la gaieté, un intérêt vivant pour tout ce qui est idéal, une maison qui se gouvernait sans bruit, le tout fondu dans un ensemble absolument harmonieux, voilà ce qu’on trouvait chez Aurèle Robert.

Vrai est de dire que les fondements d’une félicité pareille reposaient sur le père de famille lui-même, d ans sa nature facilement satisfaite, modeste, nature ne connaissant de besoins que ceux que réclame absolument le corps et qui élèvent l’âme vers le but le plus élevé. « Qu’avons-nous besoin, écrivait-il, pour être heureux de plus que l’ordre, le travail et la modération, ceci en regardant à Dieu ? Il est vrai que chaque jour apporte avec lui sa peine, mais nous nous sentons élevés au-dessus de ce qui passe quand nous nous approchons de Dieu, quand le sentiment