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AURÈLE ROBERT.

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que ses ty pes sont bien trop vrais et trop variés pour qu’il ait dû utiliser ce meuble. Je t’accorde, d’ailleurs, qu’un peintre d’histoire et de portraits ne peut que difficilement se passer du mannequin et qu’a la longue, pour des études académiques, il est indispensable. » Plus tard Aurèle revient encore sur ce sujet : < Je te recommande particulièrement l’étude de la draperie, que je regarde comme un des objets les plus importants dans l’art ; c’est pourquoi je te répète le conseil de faire de temps en temps, d’après les maîtres, une esquisse en couleurs vivement enlevée. > Ils sont attrayants les aphorismes sortis de la plume d’Aurèle Robert quand il parle, dans la vie de l’artiste, des rapports de l’homme avec sa vocation : « Il y a dans l’art, dit-il, deux sortes de vérités : la vérité vraie qu’on nomme le réalisme et la vérité de róminiscence. Cette dernière se fonde sur l’imagination. L’autre est un peu esclave, mais fidèle, la seconde souvent belle, mais vagabonde et trompeuse. La nature se soumet à celle-là, mais elle ne se laisse pas soumettre par l’autre et elle ne la suit pas dans ses égarements. Le but de l’art eonsiste à unir, autant que possible, ces deux sortes de vérités ; hors de là il n’y a point de salut pour l’art. Ou bien : « L’art ne doit et ne peut pas être exclusif, autrement il tombe dans le maniéFisme, ce qui n’est pas un genre heureux, paree qu’il s’éloigne de la nature qui est tonjours riche et variée. » Néanmoins Aurèle Robert fait sa part à l’imagination : Il est nécessaire d’avoir assez d’imagination pour que dans toutes les compositions on ne voie pas reparaître constamment la même ordonnance, ce qui conduirait à un système ennuyeux, sorti plutôt du raisonnement que de l’imagination. Sois convaincu, mon eher ami, que seule la fatigue d’avoir éternelle-