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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. A côté des soins de sa maison, le peintre avait conservé l’habitude de faire, autant que ses forces le lui permettaient, des promenades tantôt longnes, tantôt eourtes. C’est ainsi qu’en novembre il s’était rendu à Vauffelin. Habitués à voir le père, comme on l’appelait, rentrer de bonue heure, les siens, le soir venu, se mirent à l’attendre ; pendant longtemps ce fut en vain ; l’inquiétude commençait d’aller croissant, on se préparait à envoyer un messager, quand celui qn’on attendait avec tant de sollicitude soudain reparut au logis, gai, alerte ; au lieu de revenir par le sentier accoutumé, il avait pris par le plus long, par la vallée. Cette excursion, pour Aurèle Robert, fut la dernière. Le 12 décembre, il écrivait à un ami : Je ne suis plus

seulement pour vous écrire il m’a fallu quitter mon lit, où je suis confiné depuis quatre semaines, par suite d’une attaque qui a duré d’abord 40 heures, ensuite 24, et m’a causé d’épouvantables douleurs. Combien cela durera-t-il encore ? Avec le froid qui règne et dans un âge aussi avancé, un mal pareil ne se peut pas trop guérir. Hélas ! oui, mon eher ! on est bienheureux de se voir, de se connaître, d’être ensemble ; on forge de beaux plans pour l’avenir ; tout est fait pour nous réjouir, mais Dieu ne veut pas que nous nous sentions heureux sans lui, plus heureux que ceux à qui il départ tant de maux et tant de privations. Contentons-nous done de voir la jeunesse avec tous les avantages qu’elle a, dont nous avons joui dans notre temps. Efforçons-nous de nous exercer aux privations, car nous n’emporterons rien d’ici-bas. >

en état de vous envoyer rien qui vaille ; Cette lettre fut la dernière écrite de la main d’Aurèle Robert. Peu de jours avant sa mort, il en dicta