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ET JULISKA.

mais que venx-tu ? quand j’étais avec Mira, i’oubliais tout.

« Notre honheur ne dura guère : un matin, le notaire vint avee son clere et me déclara sans circonlœutions qu’il avait reçu l’ordre du juge du comitat de faire partir Mira sur-le-champ pour Temeswar ; il parla aussi du mauvais exemple, du débordement des mæurs et de beaucoup d’autres choses auxquelles je ne compris rien.

« En vain, je voulus défendre ce que je regardais comme mon droit ; ma résistance ne me servit à rien. et quand je déclarai que je chasserais le notaire de chez moi en le rossant d’importance, s’il ne me laissait en repos, on alla chercher tout le village ; je me défendis longtemps avec mes valets, mais je finis par succomber et je dus voir comment l’on enleva Mira de chez moi.

  • Je tombai malade ; je me mis à maudire les habitants

de mon endroit, même tous les Hongrois ; j’aurais voulu pouvoir me faire Bohémien. Je n’adressais plus la parole à personne ; pendant au moins une année, je ne rentrai pas une seule fois au cabaret et laissai mes valets libres de gouverner mon bien comme il leur plaisait. Au bout d’une année, cependant, je retrouvai uu peu de calme, un peu de raison, mais me jurai à moi-même de ne prendre aucune autre jeune fille pour femme. De nouveau. j’ensemençai mes champs et je retournai vendre ma laine à Temeswar.

« La première fois qu’il m’arriva d’y aller, à Temeswar, je rencontrai à peu de distance de la ville Juros, le frère de Mira. Je ne l’eus pas plus tôt aperçu que, sautant à bas de mon chariot, je le saisis à la gorge et avant qu’il eût eu le temps de m’opposer la