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GYULA

moindre résistance, il avait les mains liécs derrière le dos, je l’avais baillonné et jeté sur mon chariot ; puis, au lieu de continuer vers Temeswar, je tournai bride et ne donnai de trève à mes chevanx qu’une fois arrivé sur la Pusta. Là, j’enlevai Juros de dessus sa paille, je débarrassai sa bouche du bâillon de laine qui la rempliss ait et je lui donnai à comprendre que sa dernière heure était venue, s’il ne m’avouait où était sa seur et où je pourrais la retrouver. « Sur quoi, Juros me confessa que Mira n’était pas sa seur, mais sa femme ; il l’avait achetée de son père et comme elle se refusait de le suivre, il lui avait fait croire qu’il était son frère ; il avait attendu qu’elle se fût un pen accoutumée à lui pour en faire sa femme. Juros m’ayant demandé eomment j’aurais été content, an cas où Mira m’eût appartenu, s’il me l’avait enlevée, je lui répondis que je l’aurais tué. A quoi Jnros répliqua que, dans ce cas, il s’estimait bien meilleur que moi puisque, sans me faire l’ombre de mal, il s’était contenté de réclamer sa femme d’une façon très légitime. Je sentis que Juros avait raison ; je lui offris, s’il voulait me rendre Mira, la moitié de mon bien ; il n’accepta pas ; que me restait-il à faire ? Je repris avee Juros le chemin de Temeswar ; mais en route il me vint l’idée que le Bohémien m’avait encore une fois menti, et j’exigeai qu’il me conduisît auprès de Mira, pour apprendre de sa bouche si le choses s’étaient bien passées comme Juros me l’avait dit. Juros commença par résister et ne céda que quand je lui eus donné ma parole de Magyar que je n’avais le dessein de faire aucun mal à personne.

« En revoyant Mira, je sentis un frémissement dans tout mon être et j’ensse certainement étranglé Juros sans ma parole donnée. Mira me dit que Juros avait