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GYULA

aurait été brûlé ; mais elle avait la convietion que Juros avait vendu l’enfant ; elle assura m’avoir fait communiquer eette nouvelle, qui sans doute ne m’était pas parventue.

« Où puis-je tronver Juros ? > m’éeriai-je. Elle me nomma un village ruthène où je me rendis immédiatement. J’eus toutes les peines du monde à y déconvrir Juros ; l’ayant à la fin déniché, je fis semblant de ne rien savoir et lui demandai brusquement comment se portait mon enfant ; je pus voir alors à la terreur de Juros que Mira ne s’était pas trompée. Je pris Juros, je le jetai par terre, je lui posai mon pied sur la gorge et j’obtins 1’aveu que mon fils vivait et qu’il me le ramènerait. « Hélas ! il ne me l’a pas ramené et depuis je n’ai jamais entendu parler de Juros, de Mira ni de mon fils. Personne ne les connaissait ni ne les avait vus ; à quoi bon être venu m’entretenir avec toi ou avee d’autres de mon chagrin ! « Dès lors, dix-huit années ont passé ; toutes mes perquisitions sont restées sans résultat, jusqu’à hier au soir où Gyula est venu m’amenant un Bohémien golé. J’ai depuis longtemps l’habitude d’arrêter tous les Bohémiens que je rencontre et de leur demander s’ils n’en conaîtraient point un du nom de Juros ; celui qu’on m’a amené gelé, c’était Juros. Par le Dieu des Magyars, je te le jure, j’aurais été capable de boire son sang tout chaud ! Heureusement qu’il n’a dit encore à temps que c’est Gyula qui est mon fils, et me voiei venn à toi pour te le redemander. — N’as-tu aucune raison de douter de ce que t’a dit le Bohémien ?

— Je suis maintenant son ami, il ne m’a pas menti.> A cette réponse Mihal se tut ; au bout d’un mo-