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GYULA

n’était plus possible, j’ai dn t’infliger cette honte. Mais tu ne m’en voudras pas de ce que ta mère était une Bohémienne, je l’ai tant. aimée. Ne crains rien, mon Gyula, ajouta Pal, non sans effort, s’il y a quelqu’un qui te regarde de travers, je lui arracherai les yeux je suis un gentilhomme et tu es mon fils ! » Pal ayant enfin lâché cet aveu, respira profondément, attendant avec angoisse ce qui allait se passer, car e’était

de savoir si Gyula, après la honte qu’il venait de lui infliger, ne le renierait point. Le ceur tendre et chaud de Gyula n’eut pas cependant à soutenir un trop long combat contre cet orgueil de race inné dans le ceur du Magyar. Il tendit ses bras à Pal, en disant à demi-voix : « Comment

? toi, mon père ! » Sur quoi Pal tira à lui le

jeune homme avec un ravissement inexprimable. Tous les museles de son corps frémissaient, son ceur battait jusqu’à éclater ; enfin on vit ce rude fils de la nature, pour la première fois peut-être, verser des larmes.

pour lui

une question de vie ou de mort Papafi Gyula ne tarda pas à devenir le mari de la trop heureuse Juliska ; en ontre, le gentilhomme le plus riche des deux villages. Comment aurait-il pu songer encore à se faire soldat : son beau-père était maladif, son père prenait des années. Sa richesse effaça aux yeux du public l’origine de sa mère. Le Bohémien Juros, en sauvant Gyula de quatorze années de service militaire, avait seellé de sa vie son pacte d’amitié avec le Magyar. Josi, le vieux sergent, l’ancien amant de Terscha, ne revint jamais au pays. Ce fut dans le tumulte des combats qu’il apprit à oublier ce qu’il avait possédé, ce qu’il avait perdu. On raconte que, depuis ce