Page:Revoil - Les Exiles.djvu/179

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une jeunesse insoucieuse dansait dans un wauxhall champêtre. En passant devant la haie d’aubépines fleuries qui cachait à cette salle de bal la vue du cimetière, la duchesse entendit des airs de valse qu’elle avait dansé l’hiver précédent à Paris. Son enfant courait en cadence à cette harmonie et souriait à la beauté de la campagne.

« Mon Dieu ! s’écria la jeune veuve, où est le deuil que je viens chercher ici ? la nature, avec sa sérénité et ses splendeurs toujours renaissantes, sert de voile à notre néant et nous le fait oublier ! »

En pénétrant dans le cimetière elle éprouva une émotion douloureuse ; mais encore ici les objets extérieurs vinrent distraire de son recueillement cette âme dominée par ses sensations beaucoup plus que par ses sentiments. Les tombes étaient couvertes de fleurs et de